Page:Mendès - Les 73 journées de la Commune, 1871.djvu/285

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

273
TRIOMPHE DE LHUILLIER.

dire que le mariage pourrait être toléré si on lui donnait pour correctif le divorce. Non, citoyennes et citoyens, il ne suffit pas de pallier le mal, il faut le couper dans sa racine. Le divorce n’est qu’un expédient, et si j’ose employer ce mot détestable, un expédient orléaniste !

Tonnerre d’applaudissements.

— C’est pourquoi, j’ose présenter à l’Assemblée une motion ayant pour but de faire modifier par la Commune de Paris le décret qui assure des rentes aux compagnes légitimes ou non des gardes nationaux morts pour la défense des franchises municipales. Pas de demi-mesures ! Soyons carrées ! Nous, concubines, nous ne pouvons souffrir plus longtemps que les femmes légitimes usurpent des droits qu’elles n’ont plus, qu’elles n’auraient jamais dû avoir. Que le décret soit modifié ! Tout pour les femmes libres, rien pour les esclaves.

L’orateur descendit de la chaire au milieu des plus vives félicitations. Je m’informe auprès d’un voisin : l’orateur est une sage-femme qui a été somnambule dans sa jeunesse. Mais voici que la foule s’entr’ouvre pour faire place à un nouvel orateur : il monte l’escalier tournant de la chaire, passe la main dans ses cheveux, et jette un regard d’aigle sur l’assemblée : c’est le citoyen Lhuillier.

En vérité, ce jeune homme a une physionomie très-agréablc à voir ; le front est intelligent, l’œil est doux. On se souvient avec déplaisir des excentricités de M. Lhuillier à l’aspect de son sympathique visage.

Mais, qu’est-ce donc ? Que se passe-t-il ? Qu’a-t-il fait ? Qu’a-t-il dit ? J’ai entendu le nom de Drombrowski et le nom de La Cécilia. Tout le monde se lève, s’exas-