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LES CLUBS-ÉGLISES.

leurs costumes bleus de matelots, le plus pittoresque des cortéges ? Méditait-il quelque gigantesque entreprise, et la dictature que Cluseret avait rêvée, que Rossel avait dédaignée, allait-il l’usurper pour le salut de la République ? Je ne sais. Mais, quoi qu’il en soit, je l’ai revu, et c’était au club de l’église Saint-Jacques.

Ah ! tas de cagots et d’inquisiteurs qui, depuis dix-huit cents ans, écrasez, abêtissez, torturez les pauvres prolétaires, vous pensiez que ce serait toujours fête, moines, curés, archevêques ? Grâce à la Commune de Paris, vous prêchez à cette heuce dans les prisons de la République ; vous pouvez confesser, s’il vous plaît, les araignées de votre cachot, et donner le saint viatique aux rats qui vous grimpent aux jambes ! Vous ne ferez plus de mal aux patriotes. Plus d’églises ! plus de couvents ! Dans vos couvents on logera les b… b… qui n’ont pas d’hôtels aux Champs-Élysées, et dans vos églises se tiennent d’honnêtes assemblées où le peuple vient s’instruire de ses droits. Quant à ses devoirs, il sait aujourd’hui que c’étaient des inventions des réac-I tionnaires. Plus de sermons ! des discours. Après Bossuet, Napoléon Gaillard.

En entrant dans l’église-club, je fus d’abord ravi à la vue du bénitier où l’eau bénite avait été remplacée par du tabac de cantine ; au fond, l’autel était couvert de chopes et de bouteilles. Quelqu’un me dit : « C’est le comptoir. » Dans une petite chapelle il y avait une statue de la sainte vierge, affublée d’un uniforme de cantinière ; on lui avait mis une pipe à labouche. Mais je lus surtout charmé par l’aimable aspect du public que je voyais réuni, Le sexe auquel nous devons les tricoteuses était en