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RÉAPPARITION DE LHUILLIER.

que ma situation de réfractaire est singulièrement aggravée par un redoutable voisinage. J’étais fort intrigué depuis plusieurs jours des regards farouches que ne manquait pas de me lancer, quand nous nous rencontrions sur l’escalier, le locataire du second. J’ai chargé ma domestique de s’informer adroitement. Juste ciel ! ce locataire hargneux, c’est Gérardin, Gérardin de la Commune ! Si l’on rapproche de cette circonstance le fait périlleux que mon concierge est lieutenant dans un bataillon fédéré, on conviendra que j’ai de bonnes raisons pour être le plus inquiet des réfractaires. Mais n’importe ! je persiste et je reste ! et je resterai jusqu’à la fin, le terrible Pyat et le doux Vermorel fussent-ils logés sur le même carré que moi, et quand même j’aurais pour concierge M. Delescluze lui-même !

LXXXI.

Ce qui me console, c’est que j’ai revu Lhuillier. Nous avons perdu Cluseret, perdu Rossel, Delescluze ne nous suffit point, et s’il ne nous restait Dombrowski et La Cécilia, au doux nom de cantatrice, la troupe de la Commune serait, à vrai dire, sans premiers sujets. Heureusement Lhuillier nous est rendu. Qu’était-il devenu ? À peine écrivait-il sept ou huit lettres par jour à Rochefort et à Maroteau. À quoi employait-il son activité sans égale et celle des deux cents amis qui lui faisaient, avec leurs costumes rouges de garibaldiens et