Page:Mendès - Les 73 journées de la Commune, 1871.djvu/265

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

253
PICPUS À SAINT-LAZARE.

 Les corrections sont expliquées en page de discussion

cluses, depuis bien longtemps ; elles ont changé de cellule, et après avoir été les prisonnières de Dieu, elles sont les prisonnières du citoyen Mouton. Dans ce lieu abject, ces saintes femmes ! Victor Hugo a dit :

Saint-Lazare ! Il faudra broyer cette bâtisse.

Oui, plus tard, quand on aura le temps. Ce qui importe, c’est de renverser la colonne Vendôme et de démolir la Chapelle expiatoire. En attendant, elles sont tristes. Un de mes amis est allé les visiter : elles n’ont ni livres de prières, ni crucifix. On leur a pris jusqu’aux amulettes qu’elles portaient au cou. Mon Dieu ! vous, citoyens de la Commune, vous en parlez bien à votre aise. Vous êtes des esprits forts ! Vous vous souciez d’une croix autant qu’un poisson d’une pomme, et vous avez bien raison. Vous avez étudié, vous avez deviné, et vous vous dites le soir en regardant les étoiles : « Il n’y a pas plus de Dieu que sur la main ! » Mais, comprenez cela, ces pauvres religieuses, ce n’est pas la même chose. Elles n’ont pas lu les philosophes. Elles croient que le Père a créé le monde en six jours et que le Fils est mort sur la croix pour le salut du monde. Quand elles étaient libres — libres d’être captives à leur guise — elles priaient le matin, elles priaient le jour, elles priaient le soir, et ne s’interrompaient guère de cette occupation blâmable, j’en conviens, que pour enseigner à de pauvres petites filles qu’il est bon d’être vertueux, honnête, reconnaissant, et que le Ciel récompense les personnes qui font le bien. Voilà ce qu’elles faisaient, pauvres esprits simples ! Vous les avez mises à Saint-