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ARRESTATION DE CLUSERET.

allèrent en titubant. Au détour d’une rue, le cadavre tomba ; j’accourus pendant qu’ils le ramassaient. Un des ivrognes fondait en larmes et disait : « Mon pauvre frère ! »

LXXI.

Plus de Cluseret ! Cluseret est destitué, Cluseret est en prison ! pourquoi ? qu’a-t-il fait ? Est-ce qu’on lui en veut à cause du fort d’Issy ? On aurait le plus grand tort, car, enfin, si le fort d’Issy a été évacué hier par les fédérés, il a été réoccupé ce matin, et notons en passant qu’on ne s’explique pas bien pourquoi les troupes de Versailles ont abandonné, après l’avoir prise, une position à laquelle elles paraissaient attacher une certaine importance. Si ce n’est pas à propos du fort d’Issy que Cluseret a été poliment prié d’aller tenir compagnie à Mgr Darboy, pourquoi est-ce donc ? Je me souviens qu’il a couru hier et avant-hier certains bruits au sujet d’une lettre du général Fabrice dans laquelle cet excellent Prussien priait, disait-on, le général Cluseret d’intercéder auprès de la Commune en faveur des prêtres incarcérés. Est-ce que par hasard le délégué à la guerre, au risque de passer pour un calottin, aurait hasardé la démarche demandée ? Peste ! M. Cluseret, il y avait bien là de quoi se faire arrêter et même de quoi se faire fusiller. Mais non, vous n’avez fait aucune démarche de cette espèce, et cela par l’excellente raison que le général Fabrice n’a pas plus songé à vous écrire qu’à nous rendre l’Alsace et la Lorraine. Quel est donc