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LE PREMIER-PARIS.

« La garde nationale veille, victorieuse et sublime. Ce ne sont point des poitrines de chair qu’ils ont devant eux, ce sont des poitrines de bronze, sur lesquelles rebondissent les balles !

« Ah ! ils se disaient, ces Jules Favre larmoyants, ces Picard obèses, ces Jules Ferry infâmes, ils se disaient ; « Nous prendrons Paris, nous le raserons, et son sol sera distribué, après la victoire, aux femmes des sergents de ville !

« Ils commencent à comprendre tout ce qu’il y avait d’insensé dans leur projet. C’est Paris qui prendra Versailles, qui prendra tous ces vieux aux yeux clignotants, qui, parce qu’ils ne peuvent regarder en face M. Thiers lui-même, s’imaginent qu’il est le soleil.

« C’est en vain qu’ils gorgent de sang et de vin les soldats trompés ; le moment est proche où ceux-ci ne consentiront plus à marcher contre la ville qui combat pour eux. Hier déjà, du fort de Vanves, on distinguait la mêlée d’une bataille ; c’étaient les lignards qui en étaient venus aux mains avec les gendarmes de Valentin et’les zouaves de Charette. Courage ! Paris, encore quelques jours, et tu auras triomphé de tous les infâmes qui osent entraver la marche de la Commune triomphante !

« Mais ce n’est pas assez de vaincre les ennemis du dehors, il faut se débarrasser des ennemis du dedans.

« Plus de pitié ! Plus d’atermoiements ! La justice du peuple est lasse des formalités et veut être satisfaite. Mort aux espions ! Mort aux réactionnaires ! Mort aux prêtres ! Pourquoi la Commune nourrit-elle dans les prisons ce ramas de malfaiteurs, tandis que l’argent qu’ils