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LE PREMIER-PARIS.

suivant : Une cantinière du 44e bataillon (quartier des Batignolles) était en train de verser à boire à un artilleur du fort de Vanves, lorsque celui-ci a été coupé en deux par un obus versaillais. La brave cantinière a bu le verre d’eau-de-vie et a pris la place de l’artilleur. Elle s’est si bien acquittée de son nouveau devoir, que douze secondes plus tard, il n’y avait plus un seul canon intact dans les batteries de Meudon. Quant aux servants des pièces, ils ont tous été précipités, par quelques boulets bien dirigés, à une distance de plusieurs kilomètres, et on a cru reconnaître parmi eux — mais nous donnons cette nouvelle sous toute réserve — M. Ollivier, l’ex-ministre de l’ex-empereur, et le comte de Bismark, qui avait voulu vérifier par lui-même la portée des canons qu’il a prêtés à ses bons amis de Versailles. »


Après les dernières nouvelles, le premier-Paris, le bulletin du jour, comme on dit à présent. C’est ici que se révèle le talent du rédacteur en chef, membre de la Commune. Nous espérons que le spécimen suivant n’est pas tout à fait indigne de la signature de M. Félix Pyat ou de la signature de M. Vermorel :


« Paris, 29 avril 1871.

« Ils nous guettent, ces tigres altérés de sang !

« Ils sont là, ces vandales qui ont fait le serment de ne pas laisser dans Paris un seul homme ni une seule pierre debout !

« Mais ils ne nous tiennent pas ; non, ils ne nous tiendront jamais !