Page:Mendès - Les 73 journées de la Commune, 1871.djvu/243

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

231
LES JOURNAUX DE LA COMMUNE.

des rivages, les étoiles du ciel, mais ne tentez pas même en rêve d’énumérer les gazettes qui ont vu le jour depuis la bienheureuse journée du 18 mars. Félix Pyat a un journal : le Vengeur ; Vermorel a un journal : le Cri du Peuple ; Delescluze a un journal : le Réveil ; chaque membre de la Commune s’est donné le luxe d’un carré de papier dans lequel journellement il dit de tous ses collègues tout le mai qu’il en pense. Il faut avouer que ces messieurs ont une bien mauvaise opinion les uns des autres. Je défie le Gaulois de Versailles, oui, le Gaulois lui-même, de traiter Félix Pyat comme le traite Vermorel, et si l’on considère d’autre part ce que Félix Pyat dit de Vermorel, on trouvera le Gaulois singulièrement bienveillant. Il y a longtemps que Napoléon a dit : « Lavons notre linge sale en famille. » Mais on ne peut pas exiger que de bons patriotes profitent des leçons d’un tyran. Donc les journaux de la Commune sont quotidiennement consacrés à « l’éreintement » réciproque des membres de la Commune ; mais où seront-elles dans six mois, dans un mois, dans huit jours peut-être, ces gazettes éphémères ? Le vent qui emporte la feuille de rose et la feuille de laurier n’emporte pas avec moins de cruauté les feuilles politiques. Offrons à la postérité un modèle de ce qu’est aujourd’hui — on dira bientôt « de ce qu’était » — la Presse communaliste. Qu’ils soient rédigés par Marotteau, par Duchêne, par Paschal Grousset ou par n’importe quel autre émule de Paul-Louis Courier, ces bons journaux se valent, et, par un seul exemple, nous les montrerons tous.

D’abord, et généralement en énormes caractères, il y a les dernières nouvelles, les nouvelles de la Porte-