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INDIFFÉRENCE DES GENTILS.

béciles ! ils bombardent nos forts et nos maisons aussi, les niais ! Nous, nous proclamons et nous distribuons nos proclamations à toute la patrie par le moyen d’un nombre infini d’aérostats révolutionnaires. Puissent-ils être guidés par lèvent qui vient à travers la Montagne ! Comme ils vont être heureux, les braves cultivateurs, les bons rentiers, les ardents travailleurs des départements, lorsqu’ils recueilleront, tombées du ciel, ces pages où sont inscrits les droits et les devoirs de l’homme moderne ! Ils n’hésiteront pas un seul instant. Ils quitteront leurs champs, leurs maisons, leurs ateliers. « Mon fusil ! mon fusil ! » crieront-ils ; et, sans songer qu’ils laissent derrière eux des femmes sans maris et des enfants sans pères, ils viendront à nous, heureux de vaincre ou de mourir pour la gloire du citoyen Delescluze et du citoyen Vermorel ! Ah ! quelle ardeur ! quel patriotisme ! Ils sont déjà en route, ils approchent, les voici. Ceux qui n’avaient pas de fusils ont pris des piques et des débris de charrue. Hourra ! en avant, marche ! Aux armes ! citoyens. Salut à la France qui vient au secours de Paris !

Eh bien ! pas du tout, les habitants de Brive-la-Gaillarde et les montagnards de la Savoie, goitreux ou non, ne songent pas le moins du monde à prendre les armes. Ils n’ont jamais été plus tranquilles ni plus décidés à demeurer en paix. Quand ils voient un de vos ballons — en supposant que vos ballons dépassent les lignes versaillaises et n’aient pas pour unique but de transporter en lieu sûr des communalistes repentis — quand ils voient un de vos ballons, ils s’écrient tout simplement : « Tiens ! voilà un ballon ! d’où diable peut--