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LA PROPHÉTIE DE PROUDHON.

« De stériliser la terre ;

« D’enfermer la société dans une camisole de force ;

« Et, s’il était possible qu’un pareil état de choses se prolongeât seulement quelques semaines,

« De faire périr par une famine inopinée trois ou quatre millions d’hommes.

« Quand le gouvernement sera sans ressources, quand le pays sera sans production et sans commerce ;

« Quand Paris affamé, bloqué par les départements, ne payant plus, n’expédiant plus, restera sans arrivages ;

« Quand les ouvriers, démoralisés par la politique des clubs et le chômage des ateliers, chercheront à vivre n’importe comment ;

« Quand l’État requerra l’argenterie et les bijoux des citoyens pour les envoyer à la Monnaie ;

« Quand les perquisitions domiciliaires seront l’unique mode de recouvrement des impositions ;

« Quand les bandes affamées, parcourant le pays, organiseront la maraude ;

« Quand le paysan, le fusil chargé, gardant sa récolte, abandonnera sa culture ;

« Quand la première gerbe aura été pillée, la première maison forcée, la première église profanée, la première torche allumée, la première femme violée ;

« Quand le premier sang aura été répandu ;

« Quand la première tête sera tombée ;

« Quand l’abomination de la désolation sera par toute la France,

« Oh ! alors, vous saurez ce que c’est qu’une révolution sociale :