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LES RESSOURCES DE LA COMMUNE.

sère. On s’expliquerait votre réserve si vous étiez scrupuleux sur le choix des moyens ; Dieu merci, il n’en est rien. Donc, un peu plus d’énergie, s’il vous plaît ! « Mais, soupire la Commune, il me semble que j’ai fait ce que j’ai pu. Grâce à Jourde qui fait oublier Law, et à Dereure qui a été cordonnier, — le savetier et le financier, — j’encaisse tous les jours le prix brut de la vente des tabacs, ce qui constitue une assez jolie spéculation, puisque je n’ai eu à payer ni la matière première ni la main-d’œuvre. J’ai, en outre, grâce à ce que j’appelle le « produit régulier des services publics, » un bon nombre de petits revenus qui ne me coûtent pas grand’chose et qui me rapportent beaucoup. Tenez, voyez la Poste, par exemple ! Je me garde bien d’expédier aucune des lettres qui me sont confiées, et je m’en fais payer l’affranchissement, qui consiste en un paraphe de mes employés. Cela est assez habile, je suppose. Enfin, aujourd’hui, j’ai humblement prié les compagnies de chemins de fer de vouloir bien verser dans ma poche la somme de deux millions de francs : la compagnie du Nord m’offrira trois cent trois mille francs ; la compagnie de l’Ouest deux cent soixante-quinze mille francs ; la compagnie de l’Est trois cent cinquante-quatre mille francs ; la compagnie de Lyon six cent quatre-vingt-douze mille francs ; la compagnie d’Orléans trois cent soixante-seize mille francs. C’est mon délégué aux finances, M. Jourde, la forte tête de la troupe, qui a imaginé cette combinaison. Et, en vérité, je trouve que je fais tout ce que je peux, et que vous avez tort de vouloir m’humilier en me comparant à Collé qui avait du bon, mais qui, en somme, ne me valait pas ! » Mon Dieu, chère Commune, je ne nie que vous n’ayez