Page:Mendès - Les 73 journées de la Commune, 1871.djvu/232

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

220
INFELIX PYAT !

au vote de majorité avec celui dû à ma conscience ; et alors je serais forcé, à mon grand regret, de donner, avant la victoire, ma démission de membre de la Commune.

« Salut et fraternité,

« Félix Pyat. »


« Avant la victoire, » est infiniment spirituel ! Mais, entraîné par le désir de laisser voir tout l’esprit qu’il a, M. Félix Pyat ne s’est pas aperçu que son ironie était un peu trop transparente, que « avant la victoire » signifiait trop évidemment a avant la défaite, » et que, par conséquent, sans tenir compte des excellentes raisons déduites dans la lettre au président de la Commune, on se bornerait à se rappeler que les rats s’en vont quand le navire va sombrer. Cette fois, les rats resteront à fond de cale. Vos collègues, Monsieur Pyat, ne vous permettront de vous dérober seul à l’honneur, puisque vous aurez été comme eux à la peine. N’osant fuir, ils vous feront rester. Vermorel vous empoignera par le collet de votre habit, au moment où vous vous aviseriez d’ouvrir la porte pour vous esquiver, et M. Pierre Denis, qui a été poète du temps qu’il était cordonnier, murmurera à votre oreille ces vers de Victor Hugo qui, avec peu de modifications, s’adapteraient fort bien à votre cas :


Maintenant il se dit : — L’empire ost chancelant ;
        La victoire est peu sûre.
Il cherche à s’en aller, furtif et reculant.
        Reste dans la masure !