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LES BOULETS SACRILÉGES.

pour prendre part à la bataille et encourager de leur exemple les glorieux soldats, défenseurs de notre ville.

Tout cela est bien compliqué. Il me semble que si c’est de cette manière que les francs-maçons de Paris entendent la conciliation, ils feraient beaucoup mieux de prendre tout simplement leur fusil et de dire aux fédérés : « Nous en sommes ! »

Mais voici qu’on se met en marche. Il faut voir ce qui adviendra de tout ceci. Nous parvenons, suivis d’une foule toujours grossissante, à la place de la Bastille. On prononce quelques discours au pied de la colonne de Juillet. Le bruit, le mouvement, la poussière ont distrait mon attention. Je n’entends plus un mot. Du reste, cela doit être toujours la même chose, car les mêmes cris répondent aux mêmes gestes des orateurs.

Nous repartons, descendant les boulevards : l’immense cortège, bariolé de bannières et d’insignes, est salué au passage par la curiosité populaire.

Arrivé place de la Concorde, je demeure en arrière. Il y a des groupes çà et là. Je ne serais pas fâché de connaître l’opinion des clubs en plein air sur la manifestation de la franc-maçonnerie.

Mais bientôt voici des gens qui reviennent des Champs-Élysées en poussant de grands cris : « Quelle horreur ! quelle abomination ! Ils ne respectent rien ! Vengeance ! » J’interroge, on me répond qu’Un frère a été tué par un obus en face de la rue du Colisée. On ajoute que le drapeau blanc vient d’être troué, que beaucoup d’entre les francs-maçons sur lesquels Versailles a tiré directement, sont morts et blessés. En peu de temps, ces horribles nouvelles, grossies et exagérées à chaque instant, vont se