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DANS LA COUR DE L’HÔTEL DE VILLE.

beaucoup de cris, peu de « Vive la Commune ! » mais beaucoup de « À bas les meurtriers ! mort aux assassins ! à bas Versailles ! » À l’un de ces cris, un franc-maçon répond en se découvrant ;

— « Vive la paix ! C’est elle que nous allons chercher. »

À vrai dire, je ne sais pas encore au juste ce qui se passe et ce qu’on va faire ; mais patience, à l’Hôtel de Ville tout s’expliquera. Nous voici arrivés. La garde nationale fait la haie, le cortège entre dans la cour d’honneur. Emporté par la foule, je me trouve tout près de la porte, et je puis voir ce qui se passe à l’intérieur. La Commune tout entière est sur le balcon, au faîte de l’escalier d’honneur devant la statue de la République, qui porte, comme tout le monde, une écharpe rouge. Des trophées de drapeaux rouges frémissent de toutes parts. Les bannières viennent se placer sur les marches ; sur chacune d’elles, apparaît en lettres éclatantes une maxime humanitaire. Le Grand-Orient, le Rite Ecossais et le Misraïm sont représentés au grand complet. Le doyen des francs-maçons, portant le cordon des vénérables, est venu en voiture. On l’aide à descendre, avec les marques du plus grand respect ; les francs-maçons les plus proches se découvrent. La cour est pleine. Un cri immense de : « Vive la Franc-Maçonnerie ! Vive la République universelle ! » sort de toutes les poitrines, et le citoyen Félix Pyat, membre de la Commune, s’avance sur le balcon pour parler. Enfin ! Je vais savoir de quoi il s’agit. Mais non ! On me pousse tellement qu’il me faut défendre à la fois ma eanne, mon chapeau, mon porte-monnaie, mon porte-cigares, et ma respiration. Je n’entendrai pas le