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COMMENTAIRES.

« Des magistrats ? je n’en veux pas, moi. Ils ne me servent à rien ces gens à robe noire ; libre à mes sœurs de nourrir des fainéants qui envoient aux galères de braves filous et d’honnêtes assassins. J’aime les assassins et j’honore les filous, et dorénavant, chez moi, ce seront les coupables qui jugeront les procureurs de la République. » Si une commune disait cela, ou quelque chose d’approchant, que pourriez-vous répondre ? Absoment rien ; car, selon votre système, chaque localité de la France a le droit d’organiser sa magistrature à son gré. En ce qui concerne la police et l’enseignement, il serait aisé de faire des hypothèses analogues et de démontrer ainsi l’absurdité de vos prétentions communales. « Désormais on n’arrêtera plus personne, et il sera défendu, sous peine de mort, d’apprendre par cœur la fable le Loup elle Renard. » Que dire à cela ? Rien, sinon que vous vous êtes trompés tout à l’heure en affirmant que l’autonomie de la Commune ne doit avoir pour limite que le droit d’autonomie égal pour toutes les autres communes. Il existe une autre limite, et c’est l’intérêt général du pays, du pays qui ne peut pas souffrir qu’aucune de ses parties nuise aux autres par le mauvais exemple ou de toute autre façon ; le pouvoir central a seul qualité pour connaître des questions à propos desquelles une seule mesure absurde — dont plus d’une « localité » se rendrait probablement coupable — compromettrait l’honneur ou les intérêts de la France, et la magistrature, la police, l’enseignement sont, de toute évidence, des questions de cette nature.

Les autres droits de la Commune sont, toujours d’après la Déclaration au peuple français : « le choix