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UN EXPÉDIENT.

tous les députés de l’Assemblée nationale ne sont capables d’en faire en trois ans — eh ! parbleu ! décrétons, proclamons, affichons ! Par quels moyens avons-nous réussi à nous imposer à ces benêts de Parisiens ? par des décrets, des proclamations et des affiches. Persévérons. Ah ! les traîtres ont enlevéle château de Bécon et se sont emparés d’Asnières, que nous importe ! vite, quatre-vingts plumes et quatre-vingts encriers ! à l’œuvre, gens de lettres, peintres et cordonniers ! Franckelqui est Hongrois, Napoléon Gaillard, qui est savetier, Dombrowski, qui est Polonais, et Billioray, qui écrit omelette avec deux H, feront peut-être une assez médiocre besogne. Mais, grâce au ciel, nous avons parmi les nôtres Félix Pyat, le grand dramaturge ; Pierre Denis qui a fait d’assez mauvais vers pour qu’il puisse, en revanche, écrire de bonne prose, et Vermorel enfin, l’auteur de « Ces Dames, » un petit livre orné de photographies à l’usage des lycéens, et de Desperanza, un roman qui a valu bien des insomnies à Gustave Flaubert. Écrivez, ô nos Benjamins ! Il y a longtemps qu’on nous demande ce que nous entendons par ces mots : « la Commune, » dites-le si vous le savez, écrivez-le, proclamazle, et nous l’afficherons ! quand même vous ne le sauriez pas, dites-le tout de même : le grand art d’un bon cuisinier consiste à faire un civet sans aucune espèce de lièvre. » Et voilà pourquoi on a vu ce matin sur les murs une immense pancarte blanche où ces mots apparaissent en lettres énormes : « Déclaration au peuple français, » Il y a vingt jours, on aurait peut-être pris garde à cette longue proclamation qui prétend exprimer et essaye de définir les tendances de la révolution du 18 mars. Aujour-