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LES PETITES-SŒURS DES PAUVRES.

mènerons pas les sœurs, et nous ne leur ferons pas de mal ; là, êtes-vous contents ?

Et les gardes nationaux commencent à redescendre l’escalier. En passant devant l’armoire :

— Ma sœur, vous n’avez pas fermé le tiroir, dit le capitaine.

— C’est vrai, monsieur. Je n’en ai pas l’habitude. Chez nous, vous savez, c’est bien inutile.

— N’importe ! fermez-le aujourd’hui. Vous comprenez, moi, je ne connais pas tous ces hommes qui sont avec moi.

En parlant ainsi, il rebrousse chemin, ferme lui-même le tiroir sans en toucher le contenu, et donne la clef à la supérieure. Il semble très-gêné, il finit par dire :

— Nous ne savions pas… si nous avions su que c’était comme cela… on nous avait dit… c’est très-bien d’avoir soin de ces pauvres vieux.

En le voyant si troublé et si bienveillant, une Petite-Sœur, qui n’a plus peur du tout, s’approche de lui et se hasarde jusqu’à lui parler :

— Nous sommes bien effrayées depuis un mois, monsieur l’officier. On dit que les rouges veulent nous prendre la maison. C’est horrible ! Vous nous protégerez, n’est-ce pas, monsieur !

— Certainement, répond bravement le capitaine, donnez-moi la main, et si quelqu’un veut vous faire du mal, c’est à moi qu’il aura affaire.

Une minute plus tard les gardes nationaux étaient partis, Petites-Sœurs et vieillards s’étaient recouchés, et la maison était paisible, absolument comme si elle n’avait