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LE SCRUTIN À QUI PERD GAGNE.

nécropole où dorment le trois pour cent et les obligations du Crédit foncier, et plus d’un, si les églises — ces lieux de débauche — n’étaient pas fermées, irait faire brûler un cierge pour apaiser les mânes des coulissiers désespérés.

LV.

Le tour est fait, la Commune est au complet. Premier arrondissement : inscrits 21,260, votants 9 ; Vesinier a eu 2 voix, Vesinier est élu. Lacord, plus rusé, n’a pas eu de voix du tout. Vaincue par cette unanimité des suffrages, la Commune de Paris sera dorénavant présidée par Lacord. Cela est logique. Pour tout esprit sérieux, il est évident que les législateurs de l’Hôtel de Ville ont promulgué in petto une loi qu’ils n’ont pas jugé à propos de nous faire connaître, mais qui n’en existe pas moins, et qui doit être conçue à peu près en ces termes : « Article premier. Les élections ne seront réputées valables que si le nombre des votants ne dépasse pas le millième des électeurs inscrits. — Article deuxième. Tout candidat qui aura obtenu moins de 15 voix sera élu ; s’il en obtenait 16, il y aurait matière à discussion. » C’est ce qu’on pourrait appeler le scrutin à qui perd gagne. On voit d’ici les bienfaits probables d’une pareille loi. Raisonnons un peu. Par qui la France a-t-elle été conduite à deux doigts de sa perte ? par Napoléon III. Combien de suffrages avait obtenu Napoléon III ? sept millions et plus. Par qui Paris a-t-il été livré aux Prus-