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CLÉMENT THOMAS.

Ce projet fut approuvé, et M. Clément Thomas fut conduit, non sans avoir à subir plus d’un outrage, au Château-Rouge, où le général Lecomte était enfermé depuis le matin.

À partir de ce moment, le récit que j’ai recueilli diffère peu des différentes versions qui circulent dans la ville.

Vers quatre heures les deux généraux furent tirés de leur prison par une centaine de gardes nationaux. On avait attaché les mains du général Lecomte. M. Clément Thomas n’avait pas de liens. On les conduisit sur le sommet de la butte Montmartre. On s’arrêta devant le no 6 de la rue des Rosiers. C’est une petite maison que j’ai été voir depuis ; il y a un jardin devant ; elle a l’air bourgeois et paisible. Ce qui se passa dans cette maison ne sera peut-être jamais su. Était-ce là que siégeait alors le Comité central de la garde nationale ? Le Comité s’y trouvait-il tout entier, ou n’y était-il représenté que par quelques-uns de ses membres ? Plusieurs personnes supposent que la maison n’était pas occupée, et que les gardes y firent entrer les prisonniers pour faire croire à la foule qu’on allait procéder à un jugement, et pour donner ainsi une apparence de légalité à l’exécution qu’ils préméditaient.

Il faut ajouter que, d’après certains témoignages, il y avait des lignards parmi les gardes qui entouraient les généraux.

Le procès — en supposant qu’il y ait eu procès — ne fut pas long.

À l’un des bouts de la rue, il y a un mur de clôture ; c’est là que furent conduits les condamnés.

Dès qu’on eut fait halte, un officier de la garde natio-