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LA COMMUNE EMBARRASSÉE.

les décrets ni par les baïonnettes, et conserve, au milieu des troubles et des menaces, sa hautaine sérénité.

LIII.

Qui s’en douterait ? on vote. Lorsque je dis : on vote, je veux dire : « on pourrait voter, » car d’aller au scrutin, Paris n’a pas l’air de s’en soucier. La Commune était bien embarrassée. Vous vous rappelez la chanson des aventuriers de la mer :

En partant du golfe d’Otrente
Nous étions trente.
Mais en arrivant à Cadix
Nous étions dix.

Les personnages de l’Hôtel de Ville auraient pu chanter ce refrain en y introduisant quelques légères modifications. Ce n’est pas du golfe d’Otrante qu’ils sont partis, c’est de Montmartre ; mais, en revanche, ils étaient quatre-vingts. En arrivant à… non, je me trompe, au décret sur la colonne Vendôme, ils étaient un peu plus de dix, mais pas beaucoup plus. Quelles charmantes strophes parodiées des strophes de Victor Hugo, ferait Théodore de Banville ou Albert Glatigny avec les désertions successives des membres de la Commune ! D’abord se sont éloignés les maires de Paris, tout effrayés d’être envoyés par le suffrage de leurs concitoyens dans une compagnie qui n’était point, à ce qu’il paraît, leur idéal en fait de conseil municipal. Et, à ce propos, MM. Desmarest, Tirard et adjoints veulent-ils