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ASSEMBLÉE DES ARTISTES DU DESSIN.

faire de ces franc-maçonneries, absurdes dans le domaine de l’intelligence, et dans lesquelles on se met à cent, à deux cents pour ne pas faire ce que, du premier coup, sans s’être associé avec n’importe qui, n’importe quel nouveau venu, ignoré hier, illustre demain, accomplira brusquement, au nez de toutes les associations du monde ! » Voilà ce que, naïvement, je répondrais à M. Courbet s’il était poëte et s’il s’avisait de m’offlïir n’importe quel pacte.

Les artistes ont fait mieux encore que je ne ferais : ils n’ont pas répondu du tout ; car on ne peut dire que ce fût réellement une réunion d’artistes français, que cette « assemblée générale de tous les artistes du dessin, » présidée par M. Gustave Courbet, le 13 avril 1871, dans le grand amphithéâtre de l’École de médecine. Je connais quelques peintres illustres, je n’en ai vu aucun. Les citoyens Potier et Boulaix avaient été nommés assesseurs. Je les en félicite ; cette haute distinction pourra servir à fonder leur renommée, qui avait bon besoin d’une base quelconque. Y avait-il des sculpteurs du moins ? J’ai vu de grandes barbes, des barbes qui m’étaient absolument inconnues. C’étaient peut-être des barbes de sculpteurs. Mais, à défaut d’artistes, que de bavards ! Avez-vous remarqué une chose ? il n’y a pas de plus infatigables orateurs que les gens qui ne savent pas ce qu’ils veulent dire. Et les interruptions, les clameurs, les apostrophes, souvent imagées, plus rarement courtoises ! C’était un incroyable tohu-bohu.

— Plus de jury !

— Si, si, un jury !

— Réactionnaire !