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LE GENERAL LECOMTE.

tirera-t-il de l’impasse où il s’est précipité tête baissée ?

II.

À trois heures, il y avait un groupe assez considérable — soldats, gardes, femmes, enfants — dans une des rues avoisinant l’Élysée-Montmartre. La personne qui m’a raconté ceci ne se rappelle pas le nom de la rue. On pérorait vivement, avec de grands gestes. Il était surtout question du général Lecomte, accusé d’avoir par trois fois ordonné à ses troupes de faire feu sur la milice citoyenne.

— Il a bien fait, dit un vieillard qui était là, écoutant.

Il y eut à ces mots une tempête de jurons et d’imprécations.

— Il avait reçu de ses chefs l’ordre de s’emparer des canons et de disperser les attroupements, reprit le vieillard avec calme ; il devait obéir.

Les hurlements redoublèrent. Une femme, une cantinière, s’approcha de l’homme qui s’exposait ainsi à la fureur de la foule, le regarda sous le nez et dit :

— C’est Clément Thomas !

C’était, en effet, le général Clément Thomas ; il n’était pas en uniforme. Les injures les plus grossières lui furent adressées par cent bouches à la fois, et, selon toute apparence, la colère du groupe ne se serait pas bornée à des paroles si un homme ne s’était écrié :

— Ah ! tu défends ce scélérat de Lecomte ? eh bien, nous allons te mettre avec lui. Ça fera une jolie paire de…