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LA COMMUNE ARTISTIQUE.

fasse un peu de tout, et même de politique, quand on n’est capable de rien, cela est sinon excusable, du moins compréhensible ; mais que, lorsqu’on peut faire d’excellentes bottes comme Napoléon Gaillard, ou de bonnes peintures comme Gustave Courbet, on se croie obligé de se vouer délibérément à un ridicule et peut-être à une exécration éternels, c’est ce que je ne puis admettre. M. Gustave Courbet répliquera : « Ce sont les artistes que je représente ; ce sont les revendications de l’art moderne que je formule ! Il faut qu’il y ait un 93 en peinture ; fédérons-nous, je le veux ; coupons la tête à Titien et à Paul Véronèse, ces aristocrates Rétablissons, au lieu de jury, un tribunal révolutionnaire destiné à condamner à une mort immédiate tout homme qui se soucie encore de l’idéal, ce roi déchu, un tribunal où je serai à la fois l’accusateur, les avocats et les juges. Oui, peintres, mes frères, rangez-vous autour de moi et mourons pour la Commune artistique ! Quant à ceux qui ne sont pas de mon avis, je m’en souci autant que d’un… au coin d’une borne ». À ce dernier trait, les amis de M. Gustave Courbet reconnaîtront que je ne suis pas sans quelque expérience de sa conversation. Eh bien ! maître d’Ornans, vous ne savez pas ce que vous dites, et les véritables artistes vous enverront au diable, vous et votre fédération. Une association artistique, telle que vous la comprenez, savez-vous à quoi elle aboutirait ? À servir l’ambition mesquine d’un seul — du chef, car il y aurait un chef, n’est-ce pas, monsieur Courbet ? — et les mesquines rancunes d’un tas de rapins sans valeur et sans nom. Oh ! je n’ai pas l’honneur d’être peintre, et quand j’essaye, en marge de mes vers, de dessiner une