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LES CARICATURES.

écoutait, ces satanées républiques, ça ne serait jamais mort ! Le tout est signé Faustin.

Même auteur. La même femme. Mais, cette fois, elle est couchée dans un lit aux rideaux couleur du drapeau rouge. Bien décolletée pour une République ; mais ne faut-il pas rendre la République attrayante à ses bons amis les fédérés ? Derrière le lit, le portrait de Rochefort ; il paraît que Rochefort est le mignon de cette dame. À sa place je lui conseillerais de se vêtir un peu plus décemment. Et voici que trois hommes noirs, aux chapeaux de bandit, disloqués, grimaçants, s’approchent du lit en chantant, comme dans les opéras comiques : « Avan…çons a…vec… pru…dence… ». Le premier, M. Thiers, tient un solide gourdin et une lanterne sourde ; Jules Favre, le second, brandit un poignard ; le troisième ne porte rien du tout, mais il a une plume de paon au chapeau et une autre plume de paon… ailleurs. Je n’ai jamais vu Ernest Picard ; on me dit que c’est lui.

Toujours décolletée, la jeune République — une tête de petite dame de la rue Neuve-Bossuet — vient prier M. Thiers, étameur, restaurateur, qui, d’après l’enseigne, « place les prétendants sans ouvrage, change leurs vieilles bottes contre des neuves au plus juste prix, » vient prier M. Thiers, dis-je, de lui raccommoder ses souliers, « Attends, attends, dit le savetier, je vais lui arranger cela qu’elle ne puisse plus marcher. »

Perché sur le sommet exigu d’une tribune microscopique, voici un singe vert. Au bout de la queue il porte une couronne ; il a sur la tête un bonnet phrygien. C’est M. Thiers, naturellement. « Mes bons messieurs, dit-il,