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LES CARICATURES.

sailles ? Et pourtant l’Assemblée représente, en effet, la France ; elle parle et agit selon qu’elle a eu mission de parler et d’agir. Voici donc la vérité : Paris est républicain, la France n’est pas républicaine ; il y a divorce entre la capitale et le pays. Le choc actuel, occasionné par un groupe d’écervelés, a cette divergence de sentiments pour cause efficiente. Qu’arrivera-t-il ? Paris, vaincu une fois de plus par le suffrage universel, courbera-t-il la tête et recevra-t-il le joug des provinciaux et des ruraux ? Le droit de ceux-ci est incontestable, mais primera-t-il — par suite de la supériorité du nombre — notre droit à nous, non moins incontestable ? Questions obscures, qui tiennent les esprits en suspens, et font que, malgré notre désir d’amener à nous l’Assemblée nationale dont la plupart des membres ne sauraient nous suivre sans trahir leur mandat, et malgré le dégoût que nous inspirent les sinistres fredaines des hommes de l’Hôtel de Ville, nous supportons encore leur insupportable tyrannie.

L.

Pendant ce temps les murs éclatent de rire. Paris-gavroche, Paris-voyou, Paris-catin, se tordent d’aise devant les caricatures que des marchands ingénieux fixent avec des épingles aux devantures des boutiques ou aux portes des maisons. Quia dessiné ces étranges images, coloriées à la diable, grossières, rarement plaisantes, souvent obscènes ? Elles sont signées de noms inconnus, des pseudonymes sans doute ; leurs auteurs