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PARIS SE REPENT.

vrée d’une maison pour entrer dans la chambre du maître et lui voler son argent. Nous vous voyons tels que vous êtes. Nous avons espéré que vous étiez des révolutionnaires, trop ardents, trop hasardeux peut-être, mais agités enfin d’un noble souci ; vous n’êtes que des émeutiers, et des émcutiers dont le but principal est de piller et de saccager à la faveur du trouble et de la nuit. S’il y avait parmi vous quelques honnêtes gens, ils se sont éloignés, épouvantés. Comptez-vous, vous n’êtes même plus une poignée. Si vous avez encore deux ou trois collègues qui ne sont pas tout à fait dénués du sentiment du juste et de l’injuste, ils regardent la porte et voudraient s’enfuir. Et pourtant cette trentaine d’imbéciles furieux nous gouverne encore ! Il en est parmi nous qu’elle envoie à la mort et qui y vont ! Ceci va-t-il durer ? Est-ce que nous avons rendu nos fusils ? Ne nous sommes-nous pas réunis, il y a un mois, dans le quartier de la Banque ? Ne pouvons-nous pas nous réunir encore, et, sans attendre l’armée de Versailles, nous faire justice à nous-mêmes ? — Ah ! il faut bien le reconnaître maintenant, les députés de la Seine et les maires de Paris, trompés comme nous, ont eu tort de pactiser avec l’émeute. Ils voulaient éviter la guerre des rues. Eh ! la lutte à laquelle nous assistons n’est-elle pas plus horrible que celle que nous avons évitée ? Un jour de combat, et tout eût été dit. Oui, nous avons eu tort de déposer les armes, mais qui donc aurait pu croire — les excès des premiers jours pouvant passer plutôt pour de tristes résultats de l’effervescence populaire que pour des crimes prémédités — qui aurait pu croire que les chefs de l’insurrection mentaient avec