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LA COLONNE VENDÔME SERA DEMOLIE.

des prêtres et des ignorantins. Signé Le Moussu. » Aujourd’hui, c’est le tour de l’église de Notre-Dame-de-Lorette. Il y avait dans le temple un assez grand nombre de fidèles. Surviennent des gardes nationaux, conduits par des hommes habillés en bourgeois. Sous l’Empire, ces gens-là étaient appelés des mouchards. On chasse les femmes qui prient, à coups de crosse celles qui ne sortent pas assez vite. Après quoi, les gardes se retirent. Qu’étaient-ils venus faire ? On l’ignore. Ce qu’on sait bien, c’est qu’ils recommenceront demain, dans la même église ou dans une autre. Les jours se ressemblent comme les enfants d’une famille maudite. Par quelle effroyable catastrophe serons-nous délivrés de cette honteuse monotonie ?

XLVIII.

Hein ? Comment ? Ce n’est pas possible, n’est-ce pas ? Vous n’avez pas encore perdu à ce point la tête — au figuré, en attendant que vous la perdiez pour de bon — et c’est quelque mauvais plaisant qui a rédigé, imprimé et affiché cet inimaginable décret ? Mais non, voilà bien le format, les caractères accoutumés. Ah ! parbleu ! messieurs de la Commune, ceci dépasse les limites de l’absurde, et peut-être, cette fois, comptez-vous un peu trop sur la complicité des uns et sur la patience des autres. Donc, voici le décret :

« La Commune de Paris,

« Considérant que la colonne impériale de la place