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LES JOURS SE SUIVENT ET SE RESSEMBLENT.

XLVII.

Mercredi 12 avril. Encore une journée comme celle d’hier, comme celle de demain. Les Versaillais attaquent les forts de Vanves et d’Issy, et sont repoussés. On se bat à Neuilly, on se bat à Bagneux, on se bat à Asnières. Dans la ville, des perquisitions, des arrestations. Une escouade de gardes nationaux se présente à la gare du Nord. Ils viennent appréhender le directeur de la compagnie ; or, de directeur, il n’en existe point. Cas embarrassant. Les gardes nationaux ne peuvent pourtant pas s’être dérangés pour rien. Décidés à arrêter quelqu’un, ils emmènent M. Félix Mathias, chef de l’exploitation, et M. Coutin, inspecteur principal. Une heure plus tard, d’autres gardes nationaux écrouent au Dépôt de l’ex-préfecture de police, M. Lucien Dubois, inspecteur général des halles et marchés, Çà et là on empoigne quelques journalistes au collet, sans motif, pour l’exemple, et on envoie quelques prêtres à Mazas, entre autres M. Lartigues, curé de Saint-Leu. Hier, on lisait l’affiche suivante placardée sur les portes fermées de l’église, à Montmartre : « Attendu que les prêtres sont des bandits et que les églises sont des repaires où ils ont assassiné moralement les masses en courbant la france sous la griffe des infâmes Bonaparte, Favre et Trochu, le délégué des carrières près l’ex-préfecture de police ordonne que l’église de Saint-Pierre (et non de Cinq-Pierres, cette fois) soit fermée et décrète l’arrestation