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L’ABBAYE DE CINQ-PIERRES.

déjà vieillottes il y a un mois et cacochymes aujourd’hui, il ne tardera pas à considérer les « conciliateurs », dont les idées ont au contraire progressé de jour en jour, il ne tardera pas à les considérer comme de véritables agents de l’insurrection, et à les mettre, purement et simplement, à la porte.

Cependant le désir de voir cesser la guerre fratricide est si grand, si ardent, si général, que, tout convaincus que nous soyons de l’inutilité de leurs efforts, nous admirons et nous encourageons ceux qui entreprennent avec un courage persistant une pacification improbable. Paris honnête, aujourd’hui, n’a qu’un drapeau, et ce n’est pas le haillon rouge, ni même l’étendard tricolore, c’est le drapeau blanc des parlementaires.

XLIII.

Savez-vous ce que c’est ou plutôt ce que c’était que l’abbaye de Cinq-Pierres ? Vous lisez bien, de Cinq-Pierres, et non pas de Saint-Pierre. Gavroche, qui aime le calembourg et parle volontiers argot, avait appelé ainsi un tas de moellons qui se trouvait devant la prison de la Roquette et sur lequel, les matins d’exécution capitale, on avait coutume de hisser la guillotine. Le bourreau, c’était l’abbé de Cinq-Pierres, car Gavroche est aussi logique qu’ingénieux. Eh bien, l’abbaye n’existe plus, il n’y a pas plus de pierres que sur la main devant la prison de la Roquette. Voilà qui est excellent. Quant à la guillotine elle-même, vous savez ce qu’on en a fait. Ah ! nous l’avons