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LES DANGERS DU HUIS CLOS.

de confiance. Vos séances à l’Hôtel de Ville ont lieu à huis clos, comme ces procès lugubres dont les détails seraient dangereux pour la morale publique. À quoi bon ce mystère ? Avez-vous donc de si étranges projets ? formulez-vous entre vous des propositions si blâmables, que la pudeur vous contraigne à tenir vos délibérations secrètes ? Cette crainte de la publicité, de la discussion, vous venez de la prouver encore par ces escouades de gardes nationaux qui sont entrés dans des imprimeries comme on s’introduirait, les pinces à la main, dans une maison solitaire. En serons-nous réduits, pour juger vos actes, pour savoir la vérité sur les phases sanglantes de la guerre civile, à vos seules affirmations ou à celles des journaux complices ? Vous êtes donc bien décidés à être coupables, et bien sûrs d’être obligés à mentir, puisque vous vous débarrassez d’abord de ceux qui pourraient vous juger et de ceux qui pourraient vous démentir ! Donc vous avez fait non-seulement un crime, mais une maladresse. On ne touche pas impunément à la liberté de la pensée écrite. La presse, persécutée, exerce un jour de terribles représailles. Regardez derrière vous. Observez les longues années du gouvernement impérial, les quelques mois du gouvernement du 4 septembre. De tous les crimes commis par le premier, de toutes les fautes commises par le second, le crime et la faute qui ont certainement le plus hâté le dénoûment, sont ceux dont la presse a été victime. Une des excuses les plus valables de l’émeute du 18 mars n’était-elle pas la suppression de plusieurs journaux par le général Vinoy, avec le consentement de M. Thiers ? Comment êtes-vous assez imprudents pour commettre la maladresse qui a perdu les