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LES PRISONS DE LHUILLIER.

voulu continuer à être fouetté, je me trompe, à être emprisonné, et, non moins rusé qu’il s’était montré valeureux, il a quitté, sans tambour ni trompettes, sa cellule imméritée. « Mon cher Rochefort, écrit-il au rédacteur en chef du Mot d’ordre, vous savez de quelle infâme machination j’ai été victime. » Cela, M. Rochefort le sait peut-être, mais je suis contraint d’avouer que je l’ignore entièrement, à moins que M. Lhuillier ne qualifie de « machination » l’ordre qui lui a été donné de mettre le Mont-Valérien dans la poche de son gilet. « Arrêté, sans motifs, par ordre du Comité central, je me suis vu jeté… » (Jeté ? Ah ! on a eu tort de jeter M. Lhuillier) « … au Dépôt de la préfecture de police » (de l’ex-préfecture, s’il vous plaît) « … et mis au secret au moment même où Paris a besoin d’hommes d’action et de praticiens militaires. » Fi ! messieurs du Comité, vous aviez sous la main un homme d’action, — qui ne connaît les nobles actions du citoyen Lhuillier ? — vous aviez sous la main un praticien militaire — tout le monde ne sait-il pas quelle profonde expérience des choses de la guerre M. Lhuillier a acquise dans ses nombreuses campagnes ? — et vous l’avez mis, que disje, jeté au Dépôt de la préfecture ? C’est mal, c’est très-mal. « Le Dépôt est transformé en prison d’État, et les précautions les plus rigoureuses sont prises contre les détenus. » Ceci est bon à noter. Il paraît que les prisonniers de la Commune ne mènent pas précisément une vie de cocagne. « Néanmoins, suivi de mon secrétaire, j’ai trouvé l’occasion de franchir tranquillement… » — Tranquillement est adorable ; la tranquillité n’abandonne jamais les grandes âmes. — « … le seuil de ma cel-