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MONSEIGNEUR DARBOY.

En traversant la rue Saint-Honoré, j’avais aperçu un groupe de gardes nationaux rangés sur le trottoir. De telles rencontres sont communes, je ne pris point garde à celle-ci. Dans la rue du Mont-Thabor, personne, le silence, la solitude. Tout-à-coup, à quelques pas devant moi, une porte s’ouvrit, un homme en sortit, et s’éloigna précipitamment dans la direction opposée à l’église. Cette sortie avait l’air d’une fuite. Je m’arrêtai, attentif. Bientôt, par la même porte, s’élancèrent deux gardes nationaux ; ils se mirent à courir, avec des cris, après le fuyard qui avait peu d’avance, le ratrappèrent sans peine, et le ramenèrent pendant que les gardes que j’avais vus rue Saint-Honoré accouraient au bruit. Les exclamations, les injures de toutes sortes, m’apprirent que l’homme arrêté et repris était M. l’abbé Deguerry, curé de la Madeleine. On le fit rentrer dans la maison, la porte fut refermée, le silence se rétablit.

Ce matin, j’ai appris que monseigneur Darboy, archevêque de Paris, avait été arrêté à peu près à la même heure et dans des conditions analogues.

On cite encore d’autres arrestations faites dans le monde ecclésiastique. Le curé de Saint-Séverin, le cure de Saint-Eustache, auraient été appréhendés, le premier, dans son domicile, le second, au moment où il sortait de son église. Le curé de Notre-Dame-des-Victoires dovaii être arrêté également ; prévenu à temps, il a pu semettri en sûreté.

Conduit à l’ex-préfecture de police (pourquoi ex-préfecture ? Il me semble qu’elle ne fonctionne pas moins que si elle était tout simplement une préfecture ?), mon-