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GLORIANE

Hans Hammer, il n’a rien à gagner ni à perdre dans toutes ces petites choses, puisqu’il a du génie ! et que demain le consolera d’aujourd’hui. Non, c’est Frédérick II qui m’occupe. Il me plaît. Cela m’ennuie qu’il soit niais de la sorte, — nice, comme on disait. Je veux vous aider à en faire un homme. Fi ! la petite femmelette ! Est-ce qu’un roi est à sa place dans la République de Platon ? Athènes, c’est bien, mais du temps de Périclès ; et je vous offre une Aspasie.

— Je ne comprends plus.

— Vous comprendrez, dit-elle en s’animant au point qu’elle eut un peu de sang aux pommettes. Je veux qu’avant un mois la cour de Nonnenbourg, où l’on est grave comme dans un cloître, où l’on baisse les yeux pour ne pas voir les femmes, où l’on n’ose être jolie que dans les coins obscurs, soit frivole, hardie, éclatante ! Il vous faut une nouvelle Mona Kharis, vous savez, celle qui dansait sans maillot et qui cravachait les bonnets de vos étudiants. Je veux révolutionner le royaume. La reine mère sera furieuse ! Tant pis, elle est laide. Même jeune, elle avait l’air vieux. Elle se consolera en présidant le conseil des ministres. « Faites la politique, madame,