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FRÉDÉRICK ET GLORIANE

impalpables du rêve, — flamme, lumière, esprit !

Karl éveilla son maître ; mais celui-ci, d’un geste furieux, le chassa.

Cependant, à la cour, dans la ville, les inquiétudes redoublaient. Vainement la reine Thècla voulut entrer chez son fils ; Frédérick dit à Karl : « Réponds à ma mère, que si l’on me poursuit jusqu’ici on m’y trouvera mort. » Il fallut le laisser seul. Plusieurs jours se passèrent. Comment ceci finirait-il ? La nouvelle brusque d’un suicide aurait surpris peu de personnes. On racontait des histoires, qui peut-être n’étaient pas vraies : des valets affirmaient avoir entendu, en passant près de l’appartement royal, des supplications et des sanglots ; le roi s’écriait : « Oh ! je le veux, et je t’en prie ! » et Karl répondait, d’une voix étranglée : « Je ne pourrai jamais. Sire ! Ne m’ordonnez pas cela ! » Ce jour-là, ajoutait-on, l’écuyer était sorti de la chambre de son maître, un mouchoir sur les lèvres, les yeux rouges de larmes. On disait aussi que pendant deux journées entières le roi et Karl avaient été absents de la Résidence. Où étaient-ils allés ? personne ne le savait précisément ; quelques-uns, d’après les récits d’un paysan qui avait vu