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FRÉDÉRICK ET GLORIANE

Karl, souvent interrogé, ne répondait pas. Savait-il quelque chose en effet ? Chaque fois qu’il entrait dans l’appartement de son maître, il voyait Frédérick, la tête basse, les mains crispées derrière le dos, rôdant autour d’une grande table, — comme jadis, durant son enfance, à Lilienbourg. Pas une parole, les regards toujours fixés sur le tapis. Le roi ne s’était pas même informé de ce qu’était devenue la tentatrice qu’il avait blessée, qu’il avait tuée peut-être ; et il ne fit pas une seule question à propos des obsèques de Lisi, célébrées en grande pompe. À quoi donc songeait-il dans ce silence et cette solitude ? Karl, inquiet jusqu’au fond de l’âme, — car il aimait passionnément, lui, joyeux et fort, son pâle et triste seigneur, — se hasarda à l’épier, mettant l’œil au trou de la serrure, collant l’oreille au bois de la porte. Les premiers jours, il ne vit rien, sinon la lente promenade autour de la table ; n’entendit rien, sinon le bruit des pas, éteint par le tapis. Mais, un soir, — le bruit des pas ayant cessé, — Karl aperçut Frédérick étendu sur le lit, et tout convulsé de violents sursauts. Un accès de fièvre, sans doute. L’écuyer entra vivement et s’approcha de