Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
207
FRÉDÉRICK

Haletant de je ne sais quelle épouvante, les mains sur les joues et sur la bouche, comme pour retenir un cri où pour éviter un contact possible, il s’écartait, renversait la tête, voulait fuir ; mais Lisi, son menton sur le bord du corselet d’argent, tenait le roi par les épaules, et, ses courtes boucles volantes, elle lui riait au visage avec sa fraîche bouche de rose épanouie.

— Oh ! que c’est vilain d’être sauvage ainsi ! On dirait que tu as peur ? Je ne suis pas effrayée, moi ; je me sens très heureuse. Ris un peu, pour me faire plaisir. Non ? Je comprends, tu me boudes, parce que je suis venue te chercher jusqu’ici ; il ne faut pas me garder rancune ; c’est ta mère qui m’a dit : « Va, tu le peux. » Et puis, je l’avoue, j’étais curieuse de connaître ce coin du palais ; on en raconte tant de merveilles ! Oh ! c’est extraordinaire et très joli. Il semble que l’on vit dans un conte de fées. Si tu veux, tu seras le prince Diamant et je serai la princesse Perle ; et à la fin de l’histoire, les deux pierres précieuses feront un bel anneau de fiançailles ! Mais tu es habillé en Chevalier-au-Cygne ? Alors, je me nomme Elsa. Dis, mon Fried,