Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/208

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
200
LE ROI VIERGE

rice, dans la montagne ; et c’est le prince Jean-Albert qui a présidé la cérémonie. On a beaucoup remarqué cela, je t’assure ; le peuple était mécontent. Songe que tu auras, bientôt peut-être, un grand effort à lui demander ! Il t’en coûte donc beaucoup de monter sur ton cheval blanc et de passer au milieu des foules ravies, en les saluant de la main ? Sois généreux, mon enfant ; il ne faut pas refuser la joie de voir ton visage à ceux qui auront l’honneur de te donner leur sang.

— Travailler avec mes ministres, me mêler à mon peuple ? Est-ce tout ce que vous exigez, ma mère ?

— Oh ! comme tu es rusé ! Tu devines que j’ai à te parler d’un très grave projet ? Écoute, et comprends bien. C’est tout à fait de la politique, ce que je vais te dire. Une seule chose t’empêche d’être un roi inébranlable, un empereur possible : c’est notre famille. Tu avais raison tout à l’heure ; ton frère, tes oncles, tes cousins sont des fous ; les châteaux de la Couronne sont des asiles d’aliénés. À cause de cela, l’avenir est inquiétant. On se demande : « Après Frédérick, qui régnera ? » Et, pour ce qui est de l’empire, tu