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FRÉDÉRICK

saignaient comme de belles blessures des tulipes de rubis ; et là-bas, sous un entremêlement de branchages, d’une roche en lapis-lazuli, une source égouttait des diamants liquides, puis elle devenait dans l’herbe un ruisseau. Quelquefois on entendait un brusque froissement de feuilles, peut-être à cause de la fuite à travers les halliers d’une gazelle inaperçue, ou comme si quelque nymphe, surprise les jambes dans l’eau, s’échappait derrière un arbre, dans un effarement qui secoue des perles de rosée.

Au milieu de la clairière, sous les chaleurs vermeilles du ciel, entre les balancements des frondaisons lumineuses, pendant que les oiseaux poëtes de sa gloire voletaient au-dessus de lui, Frédérick, fier et pur, adolescent comme un éphèbe, ou jeune comme une vierge, dans sa longue robe de lin que serrait un corselet d’argent, un lambeau de pourpre à l’épaule, un casque aux ailes de cygne éployé sur son front, avait l’air de quelque beau prince mage revenant dans son royaume et de toutes parts salué par la nature fée.

Il marcha lentement vers un tronc d’arbre renversé, où l’on avait étendu des peaux de bêtes