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LE ROI VIERGE

enfin ! Suis-je tenue de vous conter toutes choses ? Réfléchissez, imaginez, devinez si vous pouvez. Qui sait s’il n’y a pas de la politique dans cette affaire ? Je suis ambassadrice, prince Flédro ! J’ai peut-être voulu nous faire une alliée de celle qui sera la maîtresse d’un roi ; en cas de guerre avec la Prusse, — tout est possible, — la neutralité de la Thuringe serait fort désirable. Et puis il y a des fantaisies qui peuvent passer par la tête d’une femme, — ou de deux femmes. Oh ! je vous l’ai dit, nous sommes très graves, à présent, très austères, mornes. Je suis dévote comme une Italienne ; elle, comme une Espagnole. Mais quoi ! il y a des heures où l’on veut rire, un peu. Justement, je me confesse après-demain, et je n’aurais rien eu à avouer. Cela m’eût donné de l’orgueil ; j’ai péché par humilité, — si j’ai péché ! car enfin, vous me faites dire cent folies et il n’y a rien de vrai dans tout ceci. Je vous demande un peu si, parce que j’adore la reine, c’est une raison pour que j’aie voulu voir son portrait, de tout près, et si les visites au château de cette grosse fille qui hurlait la Gardeuse d’ours prouvent le moins du monde que nous ayons eu le caprice d’entendre la Gloriani chanter le brindisi