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GLORIANE

peu à peu, mêlaient une tiédeur, qui pouvait provenir des lumières et des plats d’un souper voisin, à je ne sais quoi de plus chaleureux, qu’exhalait peut-être une langueur lasse de femmes amoureuses. « Gloriane ! » pensa Brascassou, en renflant les narines.

Plus de marches. Ils étaient sur le tapis d’un palier, entre des portes, qu’ils ne voyaient pas, qu’ils devinaient. Les bruits étaient plus proches, les odeurs plus sensibles ; ils entendaient, à travers un assourdissement de tentures sans doute, des rires des paroles qui se meurent parmi des froissements de satins ; ils humaient ces gras effluves qui montent des sophas et des tables. Brascassou aperçut, au ras de la muraille, une ligne d’or blême, tout émiettée par la frange d’un rideau.

— Gloriane est là, dit-il.

— Entrons ! répondit le prince, à qui l’aventure donnait enfin quelque audace.

Ils s’avancèrent, guidés par la lueur. Mais Brascassou heurta du genou une chaise ; elle tomba, avec du bruit ; et alors, d’une porte ouverte et refermée, qui laissa voir, dans un bref bâillement, des clartés, des blancheurs de