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LE ROI VIERGE

nir des leçons maternelles reçues dans les offices, le petit nègre arriva devant la porte. Il regarda la voiture, s’accrocha des deux mains à l’une des roues, grimpa, enfla ses joues noires que fit luire la lanterne, souffla dans le nez du cocher endormi. Celui-ci ne répondit à cette plaisanterie que par un ronflement grossissant. Alors le négrillon descendit, et, toujours sautelant dans ses oripeaux clairs — un petit Caliban habillé en Ariel, — il se tourna vers la porte, chercha dans des tâtonnements la rondeur du bouton de cuivre et s’y suspendit, renversé. Une claire sonnerie tinta derrière l’épaisseur des murs, comme à travers des ouates.

— Il nous échappe ! dit le prince.

— Attendez, dit Brascassou.

La porte s’ouvrit ; le petit nègre, la tête en avant, disparut, avec un frétillement de plumage ; mais, avant que le battant fût retombé, Brascassou s’élança et le retint de sa main droite, pendant que, de l’autre main, fermée, il imitait sur le bois le lourd fracas d’une porte qui se referme.

Puis il se tint immobile, écoutant.

Aucun bruit, sinon celui des pas du négrillon