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Pourvu que l’on rime en patrie.
En école, en idolâtrie,
Et que de l’avenir lointain
On viole le péristyle ;
Que dans les dédales d’un style
Obscur, on trébuche incertain,

Tout est parfait ! Joseph Prudhomme
Approuve avec sa canne à pomme !
Pauvre Muse ! on t’a fait parler
De tout, ô triste apostasie,
Excepté de la poésie !
On t’a forcée à t’envoler !

Moi, que tout ce pathos ennuie
À l’égal de la froide pluie,
Je veux, rimeur aventureux,
Lire encor, Muse inviolée,
Quelque belle strophe étoilée
Au rhythme doux et savoureux ;

Un fier sonnet, rubis, topaze.
Ciselé de même qu’un vase
De Benvenuto Cellini ;
Des chansons que l’amour enivre.
Des refrains qui nous fassent vivre
Bien loin, bien loin dans l’infini !