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remarquables, a-t-il bien servi la cause de la poésie, a-t-il été utile, n’a-t-il pas été sans influence sur la littérature contemporaine ? c’est ce que nous verrons dans la suite de ces causeries.

En attendant, il est temps de dire comment et par quelles aventures s’est formé ce cénacle, si longtemps bafoué.

*

En ce temps-là, par une belle matinée de juin, — vous voyez, c’est le début d’un roman, — un être extraordinaire projetait d’interminables jambes sur l’un des grands chemins qui aboutissent à Paris. Si longue que fût la route, ces jambes certes en atteindraient le bout. Maigre, plus maigre qu’en aucun temps il n’a été donné à aucun homme de l’être, transparent même si son étroite redingote, quoique amincie par l’usage, n’eût offert encore quelque apparence d’opacité, il allait, ses courts cheveux dressés par le vent qui rebroussait sa course, sa narine de faune relevée comme si elle eût flairé quelque nymphe prochaine. Parfois, sans s’arrêter, il paraissait écouter le bruit que fait sur les cailloux le clair ruisseau qui court et souriait