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Eh bien, non ! ce n’est pas absolument obscur ; c’est étrange, subtil, ténu, tourmenté, nouveau, rare, mais clair, oui, clair ! pour quiconque consent à s’efforcer un moment. Quoi ! les inventions d’un délicat esprit, les tendresses d’un cœur discret, sont-elles choses si communes qu’elles ne vaillent pas la peine d’être cherchées ? Tout lecteur lettré doit être un peu le faune de ces nymphes, les Idées. Lorsqu’elles tiennent, les coquettes, à se faite quelque peu désirer, prêtez-vous à leur manège aimable. Poursuivez-les : elles vont se rendre. Et l’exaspération du désir augmentera les délices.

En somme, nous concevons, mes amis et moi, sans nous y conformer, le système poétique de Stéphane Mallarmé. Alfred de Musset enviait, lui, poète, la langue du musicien :


Douce langue du cœur, la seule où îa pensée.
Cette vierge craintive et d’une ombre offensée,
Passe en gardant son voile et sans craindre les yeux.



Cette langue est sœur de la musique parlée que l’on entend dans l’Après-midi d’un Faune. Mais la pensée de Stéphane Mallarmé lève son voile pour qui l’aime et lui sourit délicieusement.