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Ainsi quand des raisins j’ai sucé la clarté,
Pour bannir un regret par ma feinte écarté,
Rieur, j’élève au ciel d’été la grappe vide,
Et soufflant dans ses peaux lumineuses, avide
D’ivresses, jusqu’au soir je regarde au travers.

Ô nymphes, regonflons des souvenirs divers !



Ces vers, où est rendue avec un art infini une image exquise et neuve, sont de ceux qui font croire que Stéphane Mallarmé parle une langue à peine compréhensible.

Je dirai toute ma pensée :

La vérité me semble que l’auteur de l’Après-midi d’un Faune est ce qu’on appelle au collège un « auteur difficile ». Il exige, pour être entendu, une certaine application d’esprit. Par suite de sa faculté de percevoir les plus lointaines analogies, et par une légitime horreur de la banalité, il abonde en images singulières dans leur justesse, consent à des inversions, se complait dans des tours de phrase d’un maniérisme curieux. De là, des shrprises pour le lecteur qui, s’il est intelligent, relit et comprend, ou qui, dans l’autre cas, proclame : c’est obscur !