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ment des rondes des pans de linceul s’envoler avec une coquetterie de jupe repoussée du talon.

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J’arrive à l’un des artistes les plus étranges de ce temps, à l’un de ceux que la raillerie a le moins épargnés, que, pour un peu, l’on eût traité de fou malgré sa parfaite raison évidente.

J’entends Stéphane Mallarmé.

Tout d’abord, il importe d’établir une distinction. Dans ce poète il y a deux poètes : celui de jadis et celui d’à présent. Déjà très subtil autrefois, chercheur des singularités du rêve, et des raffinements infinis, il était cependant d’une clarté parfaite et vous entendrez avec plaisir (entendre, dans les deux sens du mot) quelques-uns des premiers poèmes de notre ami.

Voici d’adorables strophes sur la création des fleurs.

LES FLEURS


Des avalanches d’or du vieil azur, au jour
Premier, et de la neige éternelle des astres,
Mon Dieu, tu détachas les grands calices pour
La terre jeune encore etvierge de désastres.