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À vrai dire, une entente aussi profonde de la vague rêverie des choses ne va pas toujours chez Léon Dierx sans un peu de vague dans les idées, sans quelque indécision dans les contours de la phrase. Si ces défauts sont comme un charme de plus dans le Soir d’octobre ou dans Au jardin que je vous lisais tout à l’heure, et dans d’autres morceaux tels que Juin, la Nuit d’été, les Remous, les Filaos, il faut bien avouer qu’ils trouvent un emploi moins heureux dans les œuvres où la précision et la clarté de la conception primitive exigeraient une expression non moins nette et non moins directe. C’est peut-être à ce trouble un peu crépusculaire où se disperse parfois l’inspiration de Léon Dierx qu’il faut attribuer, dans certaine mesure, l’espèce d’indifférence qu’ont trop longtemps témoigné à ce poète les gens épris avant tout du tangible et de l’immédiat. Pour l’aimer, pour la comprendre, cette âme exquise et comme lointaine, il faut aller vers elle, la chercher, la violenter presque, car elle ne s’offre pas brutalement, s’effare, se cache, veut rester ignorée. Mais, si vous la surprenez, si vous allez avec elle dans les brouillards légers