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Est-il un homme qui puisse demeurer insensible à la pénétrante harmonie de ces vers, délicieusement berceurs comme le vent d’automne, et ne sont-ce pas tous nos rêves et tous nos amours de jadis qui fuient, tournoient et reviennent pour fuir encore dans l’obsession circulaire du rythme ? Je veux vous lire quelques vers encore.

AU JARDIN


Le soir fait palpiter plus mollement les plantes
Autour d’un groupe assis de femmes indolentes
Dont les robes, ainsi que d’amples floraisons,
D’une blanche harmonie argentent les gazons.
Une ombre par degrés baigne ces formes vagues ;
Et sur les bracelets, les colliers et les bagues
Qui chargent les poignets, les poitrines, les doigts,
Avec le luxe lourd des femmes d’autrefois,
Du haut d’un ciel profond d’azur pâle et sans voiles
L’étoile qui s’allume, allume mille étoiles.
Le jet d’eau dans la vasque au murmure discret
Retombe en brouillard fin sur les bords ; l’on dirait
Qu’arrêtant les rumeurs de la ville au passage
Les arbres agrandis rapprochent leur feuillage.
Pour recueillir l’écho d’une mer qui s’endort