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modait mal du voisinage de la Muse Érato et de la Muse Uranie. Il était injurieux pour les improvisateurs du théâtre et du feuilleton, que des gamins à peine évadés du collège eussent l’air de leur faire la leçon en mettant parfois une année à achever un poème bon ou mauvais. Écrire un sonnet, c’était se faire des ennemis de tous les rimailleurs de couplets de facture, et la chanson de café-concert avait ses raisons pour ne pas faire bon ménage avec l’ode lyrique ou avec la noble élégie. Rien de plus naturel que la haine des gens de métier contre les hommes d’art. Quant au public, il se laissait aller à croire ce qu’on lui disait. Il n’était pas coupable, personnellement, de cette injustice littéraire. Je suis persuadé qu’il y avait en lui, malgré les mauvais conseils et les mauvaises habitudes qu’on lui donnait, un magnifique désir du beau poétique et des élévations intellectuelles. Les poètes les plus humbles eux-mêmes, il aurait été porté, sinon à les admirer, du moins à les estimer, à cause de la générosité de leurs tentatives, eussent-elles dû rester vaines. Mais comment voulez-vous que le public se mît en rapport avec les écrivains