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demeure, s’étendront à perte de vue, des forêts composées des essences les plus précieuses, d’immenses champs de roses, et aussi des plaines fécondes, blés, maïs, vergers, si démesurément spacieuses que leurs seuls produits suffiraient à l’alimentation d’une ville de plus d’un million d’âmes. Sans nul doute l’étranger restera stupéfait et songeur devant un si admirable domaine ! mais sa surprise augmentera encore s’il pénètre dans le palais. Dans les vestibules, dans les galeries, dans les salles où passeront sans cesse des serviteurs vêtus de brocart et d’or, sous des plafonds peints par un grand peintre d’alors qui s’appellera Georges Rochegrosse, s’accrocheront aux murs les toiles les plus précieuses, Raphaël, Rembrandt, Rubens, et Corot aussi, s’espaceront dans un désordre harmonieux tous les meubles magnifiques ou exquis, toutes les éclatantes ou délicates étoffes, reluiront toutes les merveilles des ors ciselés, des émaux et des mosaïques. Et si l’étranger poursuit son chemin à travers ces splendeurs auxquelles aucun rêve n’a rien de comparable, un autre spectacle lui sera offert, plus délicieux encore : au centre d’une salle immense où des orchestres invisibles